Sayın Büyükelçimizin 15 Temmuz darbe girişiminin birinci yıldönümü vesilesiyle yaptığı konuşma

Paris Büyükelçiliği 26.07.2017

Mesdames et messieurs les Représentants et les Membres des Associations d’amitié franco-turques,

Chers amis français,

Mesdames et messieurs,

Je vous remercie, tout d’abord, d’être présents si nombreux en cet après-midi, à la Résidence de l’Ambassade de Turquie, à l'occasion du premier et triste anniversaire de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.

Nous sommes réunis en ce jour pour saluer avec respect et chagrin la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour résister, avec courage et détermination, à l'entreprise criminelle d'anéantissement des institutions démocratiques et de l’ordre constitutionnel en Turquie.

C'était donc, jour pour jour, il y a un an, le vendredi 15 juillet 2016. A
ce moment précis la vie s’écoulait tout à fait normalement en Turquie :

- A Ankara les fonctionnaires se préparaient pour le weekend ;

- A Istanbul les commerces attendaient leurs clients turcs et étrangers, désireux de profiter des beautés et des richesses de cette merveilleuse ville historique.

- Dans les villes et les villages côtiers de la Méditerranée et de la mer Egée, nos compatriotes passaient leurs vacances en famille.

En somme, comme toujours le vendredi, la vie était animée, mais paisible, et je dirai presque gaie à l'approche d'un weekend estival.

D'ailleurs, certains parmi vous qui êtes présents ici, aujourd'hui, je le sais par des témoignages personnels,se trouvaient alors en Turquie pour y passer des vacances tranquilles, avec vos proches et vos amis.

Rien ne laissait donc prévoir que le pire se préparait dans les casernes militaires, par la faute des officiers membres de la confrérie Gülen, l’organisation terroriste FETO.

Nul ne pouvait imaginer que dans quelques heures les citoyens turcs seraient les témoins et les victimes d’un acte de terreur sans précèdent dans l’histoire de notre République.

Et pourtant, malgré les apparences, le vendredi 15 juillet 2016 ne devait pas être une journée ordinaire en Turquie.

Toutcommença à 22 heures quand des putschistes, affiliés au groupe terroriste FETO, et ayant clandestinement infiltré l’armée turque, tentèrent, dans un premier temps, d’assiéger le quartier général de l’Etat-major des Armées à Ankara, pendant qu’un hélicoptère militaire ouvrait le feu sur les personnes se trouvant aux abords du bâtiment.

Presque simultanément, à Istanbul, la circulation sur les deux ponts du Bosphore reliant la partie anatolienne de la ville et l’Europe, était bloquée par des soldats obéissant aux ordres de la fraction putschiste.

Des avions de chasse et des hélicoptères d’attaque commencèrent à survoler, à très basse altitude, la capitale turque et Istanbul.

Ainsi commençait le début d’un cauchemar qui dura tout au long de la nuit du 15.

Bien qu'ils soient déjàlargement connus, je tiens à rappeler brièvement les faits, dans leur enchaînement:

- Les putschistes, au nombre de plus de huit-mille, disposaient de trente-cinq avions de chasse, de trente-sept hélicoptères d’attaque, de soixante-quatorze chars, de deux-cent-quarante-six véhicules armés et de près de quatre-mille armes légères. Un véritable arsenal destiné non pas à défendre la nation ou à faire face à un attentat terroriste imminent, mais à massacrer des civils innocents, et à tuer leurs frères d’armes, soldats ou officiers, qui refusaient de participer à la tentative de putsch.

- Dans leur volonté de détruire la nation et les valeurs démocratiques de la République de Turquie, les putschistes bombardèrent les symboles mêmes de l'Etat : La Grande Assemblée nationale de Turquie - pour la première fois dans son histoire - ; le Palais présidentiel ; le Quartier général du Renseignement national et le Quartier général des Forces spéciales.

- Le bilan est épouvantable : au total, 250 personnes, femmes et hommes, jeunes et vieux, ont été massacrées, martyrisées ; et plus de 2000 ont été blessées, enmajorité des civils.

Les images de cette nuit parlent d’elles-mêmes. Les témoignages de toutes celles et de tous ceux qui ont subi la violence des putschistes sont terribles.

Je n'irai donc pas plus loin dans la description d’événements, dont la chronologie, au demeurant, est bien établie.

Je souhaite, toutefois, saisir l'occasion de m’exprimer sur trois de leurs aspects qui me paraissent particulièrement importants.

En premier lieu, il ne fait aucun doute que la tentative de coup d’Etat a été orchestrée et conduite par les membres de l’organisation terroriste FETO. Dès les premières heures, un faisceau d’indices a permis de déterminer qu'elle était l’instigatrice de ce forfait. Puis, au gré des enquêtes judiciaires qui ont été ouvertes, les preuves matérielles se sont accumulées, renforcées par les aveux de putschistes.

Il est clairement démontré, aujourd’hui, que cette opération détestable a été planifiée et mise en œuvre par un groupe d’officiers, appartenant à FETO. Je citerai ici le cas del’Aide de camp du Chef de l’Etat-major des Armées, qui, au cours de son interrogatoire, a avoué faire partie de l’ « organisation parallèle » (FETO), qu’il avait servi ce mouvement de façon bénévole pendant des années, (…) et que, loin d'obéir à la hiérarchie militaire, il avait toujours respecté les ordres venant de ses « frères », disciples de Fetullah Gulen. Ces derniers lui ayant même remis en mains propres les questions du concours d’entrée à l’école militaire en 1989.

Cet aveu n'a rien d'isolé, ni de spécifique. Nous savons que depuis des décennies Fetullah Gulen avait ordonné à ses partisans d'infiltrer tous les organes critiques de l'État, comme la police, le pouvoir judiciaire et les forces armées.

Dans le monde ésotérique et occulte de Fetullah Gulen, la volonté de prendre le contrôle de l'Etat turc et de changer le régime en fonction de ses croyances religieuses perverties n'était pas un secret.

FETO est l’exemple, par excellence, d’un mouvement sectaire, devenu terroriste, et s’apparentant, dans sa constitution et dans son fonctionnement, au crime organisé.

C'est pourquoi,je souhaite m’adresser à ceux de nos amis qui ont cru voir dans cette tentative de putsch un événement « compréhensible » sinon « acceptable » :la complaisance - et je me permettrai de dire la basse complaisance – à l'égard duterrorisme et de la barbarie n’a jamais servi l’humanité.

Nous sommes en réalité confrontés à une entreprise mondiale, qui nourrit des ambitions universelles de pouvoir et de domination.

FETO est présent dans plus de 150 pays, à travers des établissements d’enseignement, des associations, des officines de lobbyisme, des médias et des entreprises, y compris en France.

Ce qui s'est passé en Turquie il y a un an, doit constituer un avertissement. Cela montre ce que cette organisation peut être capable de faire dans d’autres pays.

A nos amis, à nos alliés, je conseille la plus grande vigilance.

Le deuxième point que je souhaite souligner, c’est le courage de mes concitoyens.

Je parle de vous, de nous, qui nous sommes levés avec force et détermination , face à la violence inhumaine des disciples d’un déséquilibré qui se croyait l’ « Imam de l’univers », « un messie », et qui avons suivi l’appel à larésistance du Président de la République de Turquie. Afin de défendre notreindépendance et nos institutions démocratiques ; de sauvegarder une République fondée grâce à tant d’efforts et tant de sacrifices.

Le courage exemplaire et héroïque de la nation turque témoigne de sa grande maturité et de sa détermination à préserver à jamais sa démocratie, sa liberté et son indépendance.

Les événements de cette nuit affreuse n’ont pas seulement nécessité chez nos concitoyens un grand courage physique, l’audace de se sacrifier devant des chars militaires, de défier des avions de chasse ; mais aussi un réel courage intellectuel et moral.

Nous avons été obligés de répondre à des questions que nous croyions dépassées; expliquer à nos enfants ou à nos petits-enfants ce qu'était un coup d’Etat et pourquoi certains officiers et soldats de leur armée massacraient leur propre nation. Et ces réponses n'étaient pas faciles.

Mais nous savions dire ce qu'est le vrai courage, celui par exemple qui ne se laisse jamais abattre par des avions de chasse, ni des hélicoptères d’attaque.

Cher invités, chers amis,

Voilà qui m'amène à mon troisième point.

Nous n’allons jamais oublier ce qui s’est passé dans la nuit du 15 juillet. Oublier serait déshonorer la mémoire des martyrs, et outrager les blessés : la nation turque saura au contraire se souvenir des martyrs et prendre soin des blessés.

Oublier, ce serait encore prendre le risque qu'un jour les mêmes errements se reproduisent.Nous continuerons à nous rappeler qui furent les responsable de ce crime odieux. Ils seront punis fermement comme ils le méritent.

A Fetullah Gulen, qui se reposait tranquillement aux Etats-Unis alors que ses disciples criminels massacraient leurs concitoyens, leurs voisins, peut-être leurs amis d’enfance, nous disons qu’il ne nous fait pas peur.

Dans l’histoire millénaire de notre nation, nous avons survécu à de pires tentatives que la sienne, aussi abominable qu’elle soit.

Alors, sans oublier nos martyrs, sachons regarder vers l’avenir avec confiance et optimisme, comme nous l’avons toujours fait dans le passé après chaque épreuve difficile.

Comme vous le savez, malgré la tentative de coup d’Etat, l’économie turque a connu une croissance de 2,9% en 2016, une performance supérieure à celle de l’UE (1,8%) et de la zone Euro (1,7%).

Au premier trimestre de l’année 2017, le taux de croissance de l’économie turque a atteint 5%.

Les investisseurs n’ont pas perdu confiance en la Turquie. En 2016, malgré la tentative de coup d’Etat, elle a attiré 12,3 milliards de dollars d’investissements directs.

De « grands projets» ont été mis en œuvre en 2016 comme le Pont Osmangazi, l’un des plus grands ponts suspendus au monde ; le Pont Yavuz Sultan Selim, troisième pont sur le Bosphore ou encore le Tunnel Eurasien, tunnel routier passant sous le Bosphore.

La Turquie poursuivra ses projets ambitieux pour le développement d'une économie robuste et pour la prospérité de ses citoyens.

Nous allons continuer à être un point de stabilité et de référence démocratique dans une région difficile, instable et tumultueuse.

Nos difficultés passagères ne nous empêcheront pas de tendre la main à tous ceux qui en ont besoin.

La Turquie est le pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés au monde. Pour cet effort, elle a dépensé environ 25 milliards de dollars (y compris les dépenses des ONG), ce qui représente environ 3,2% de notre PIB.

La Turquie poursuivra également son ambition de devenir un membre plein et entier de l’Union européenne et agira, comme elle l’a toujours fait, comme un acteur responsable et respectable de la communauté internationale.

Et plus déterminée que jamais, la Turquie continuera à protéger les valeurs de la modernité et à répondre à tous les défis européens et internationaux de demain avec ses alliés et partenaires.


Atatürk

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